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Les réponses aux questions que tout le monde se pose : avec Eric Enselme

Rédigé par Eric Enselme | Feb 22, 2022 3:58:29 PM

Eric Enselme revient sur son parcours sur la Haute Route et sur les similitudes entre ses expériences de course et sa vie professionnelle.

À combien d'événements de la Haute Route avez-vous participé ?

J'ai participé à dix Haute Route au total ! Y compris :

Haute Route Alpes (2014, 2016, 2017, 2021) 
Haute Route Pyrénées 2021 
Haute Route Dolomites 2021 
Haute Route Stelvio 2018 
Haute Route Crans-Montana 2021 
Haute Route Ventoux (2017, 2021) 

Quelle est la Haute Route que vous avez préféré, et pourquoi ?

J’ai une affection toute particulière pour la Haute Route Alpes  2017, qui a marqué un tournant dans mon expérience. En effet et lors de mes deux premières tentatives en 2014 et 2016, j’étais arrivé complètement sous-entraîné et n’avais pas réussi à terminer toutes les étapes.

Je m’étais donc promis de revenir une troisième fois, pour enfin réussir. Le défi était de taille, l’édition 2017 étant particulièrement longue (900km, de Nice à Genève) et dure (21km d’ascension), avec une étape de 173km dès le premier jour et une étape reine de 184km et 4600m d’ascension.

Ma femme m’a alors judicieusement encouragé à prendre un coach (Buzz Performance à Morzine) qui a su adapter ma préparation à mes contraintes professionnelles et familiales. Cela a fait une énorme différence, puisque j’ai non seulement fini toutes les étapes dans les temps, mais j’ai aussi et surtout pris un réel plaisir tout au long de l’aventure. Et puis, cerise sur le gâteau, nous avons eu la surprise de pouvoir rouler avec Luc Alphand à Serre-Chevalier !

Vous êtes un client très fidèle de la Haute Route. Quest-ce qui vous fait revenir année après année ?

Pour moi, la Haute Route est comme un délicieux plat de pâtes : je ne m’en lasse jamais et je me délecte toujours autant à savourer tous ses ingrédients ! J’en dégagerai cinq en particulier : 

1 - Une aventure sportive sans équivalent : le format unique d’une cyclo sportive itinérante, avec chaque jour des étapes de montagne dignes des plus grands tours pros. 

2 - Une organisation vraiment top: on sent que l’équipe organisatrice est en constante recherche d’excellence, depuis les briefings, la signalétique ou les stations de ravitaillement sur le parcours, jusqu’aux vidéos et photos d’après course. Cela se remarque aussi dans les améliorations amenées d’une année sur l’autre – comme le ‘Race Bag’ optionnel dont on peut maintenant disposer sur certaines zones de ravitaillement. 

3 - La découverte de nouvelles régions et de nouveaux cols : c’est grâce à la Haute Route que j’ai pu explorer pour la première fois les Pyrénées et les Dolomites -- ou découvrir des cols méconnus, comme ceux de Sarenne ou de la Côte 2000. Rien ne vaut une découverte à vélo ! 

4 - Une aventure que je peux partager en famille : la Haute Route se veut accueillante pour les familles des participants, en offrant de confortables options d’hébergement et en se chargeant du transport des sacs des participants d’une étape à une autre. Les familles n’ont donc à ne soucier de rien d’autre que de rejoindre la ville étape suivante, tout en profitant elles aussi des magnifiques paysages tout au long du parcours. 

5 - L’esprit de camaraderie et la diversité des participant(e)s : On fait souvent de jolies rencontres sur les Haute Route, avec des participants issus de plus de 30 pays différents. Et puis, à l’arrière de la course où je me trouve la plupart du temps, on prend le temps de se soutenir dans les moments difficiles – un peu à la façon des “grupettos” sur le Tour de France. Enfin, on se sent en famille avec l’équipe organisatrice, qui est toujours aux petits soins pour les participant(e)s.

"Nous nous sentons comme une famille avec l'équipe de la Haute Route, qui est toujours là pour les participants."Eric Enselme (2022)

 

Quest-ce que vous apporte la Haute Route sur le plan personnel ?

Je n’ai à ce jour pas trouvé mieux que la Haute Route pour me motiver à rester en forme ! Et puis, j’en reviens toujours avec un sentiment d’accomplissement et une confiance renouvelée dans mes capacités. On ne vient en effet pas sur la Haute Route par accident. C’est l’aboutissement d’un engagement mental et d’une préparation physique sur plusieurs mois. Pendant les 5 à 7 jours de course, je vis dans le présent, sans distractions, entièrement concentré sur l’épreuve et je me délecte de chaque col franchi, de chaque nouveau paysage découvert et de chaque nouvelle rencontre. A une époque qui met souvent l’accent sur le plaisir instantané et où les relations humaines se tissent de plus en plus souvent au travers d’application digitales, la Haute Route apporte beaucoup de fraîcheur et d’authenticité

On dit souvent quil y a un lien fort entre vie professionnelle et activités sportives / compétitions d’endurance. Êtes-vous daccord ? 

Je vois effectivement des points communs dans la façon d’appréhender les défis de la vie professionnelle et ceux des compétitions sportives – surtout celles basées sur l’endurance. Je résume souvent cette approche sous la formule des ‘3 Ps’

1 - Préparation : comme au boulot, une planification proactive de son entrainement et de la course est la première étape (sans jeu de mot !) vers la réussite. Il ne faut ensuite pas hésiter à demander de l’aide à un coach ou à quelqu’un qui a plus d’expérience que soi. Enfin, il faut s’entrainer avec détermination. Zwift peut bien entendu se révéler un allié précieux. Mais il ne faut jamais oublier que seules les longues sorties (+ 5 heures) en montagne permettent de se préparer efficacement à affronter une moyenne de 3'500m de dénivelés sur plusieurs jours. Ces longues sorties sont aussi essentielles pour développer de l’aisance dans les descentes ou encore pour peaufiner son équipement

2 - Posture  :la puissance n’est rien sans la souplesse. En complément des programmes ou des stages d’entrainement classiques, je recommande vivement d’ajouter une routine quotidienne de yoga ou d’assouplissement. Cela m’a notamment aidé à faire disparaître les méchantes douleurs dorsales qui peuvent typiquement apparaitre sur les longues étapes. Au travail aussi, le yoga peut être un bien meilleur allié que le café pour rester efficace sur le long cours. 

3 - Pensée positive  : rester positif et savoir mettre les choses en perspective permet de surmonter beaucoup de défis, que ce soit au travail ou dans les courses d’endurance. On se retrouve souvent ‘dans le dur’ pendant les Haute Route. Il est donc important d’entraîner son moral, autant que ses jambes ou son souffle, à affronter ce moment-là. Et lorsque l’on a réussi à surmonter ces moments de découragements lors des entrainements, on sait que l’on peut y arriver à nouveau pendant une course ! 

 

Quest-ce que la Haute Route vous apporte dans votre vie professionnelle ? 

Fraîcheur et résilience. Fraîcheur, parce que je reviens toujours de la Haute Route en pleine forme physiquement - et apaisé mentalement. Résilience parce que le défi principal de la Haute Route, c’est de maintenir un rythme soutenu sur une longue distance et sur plusieurs jours d’affilée. La difficulté supplémentaire, lorsque l’on est à l’arrière de la course comme moi, est que l’on peut passer plus de 10 heures en selle sur les étapes les plus longues - ce qui laisse peu de temps pour récupérer et pour se préparer à l’étape lendemain. La clé de la réussite est alors de gérer intelligemment son énergie physique et mentale – une approche tout aussi utile dans la vie professionnelle !

Lors de vos participations à la Haute Route, avez-vous rencontré d’autres coureurs avec lesquels vous êtes restés en contact, sur le plan personnel et/ou professionnel ? 

Absolument ! Martin, un québécois à l’énergie inépuisable avec lequel j’ai roulé sur la Haute Route Alpes  2016 puis sur la Haute Route Ventoux 2017 et qui est depuis devenu un ami. Anna, une chef d’entreprise mexicaine pleine de bonne humeur, avec laquelle j’ai roulé sur la Haute Route Dolomites  2021 et avec laquelle je suis resté en contact via Linkedin – nous partageons la même passion concernant la diversité et l’inclusion en entreprise. Et puis il y a bien sûr Béatrice, Nathalie, Myriam, Solange, Mirella et toute l’équipe des physios de la Haute Route, qui font des miracles pour les coureurs et que je retrouve avec le même bonheur d’une course sur l’autre… depuis 2014 !